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Transformation et Open Data en synthèse :
L'Open Data est un vecteur de transformation essentiel : ouvrir les données, c'est ouvrir la réflexion pour faire mieux dans de meilleures conditions pour une plus grande satisfaction.
L'ouverture de la donnée est l'opportunité de faire entrer dans des processus à (ré)inventer des acteurs tiers qui sauront avoir un oeil neuf sur ce qui est fait ou pourrait être mis en oeuvre, c'est aussi intégrer dans la démarche de transformation en premier lieu les bénéficiaires-usagers, qu'ils soient citoyens ou agents du service public ou encore les acteurs économiques, académiques...
La transformation ne peut s'opérer sans données - sans indicateurs - car elle induit une situation initiale qu'il faut révéler et un objectif dont il faut faire la preuve qu'il soit atteint.
La transformation ne peut advenir sans les talents qu'il s'agit de faire monter en compétence, de fidéliser dans les équipes, de mobiliser au service de l'accès et de la valorisation des données.
Pour les acteurs publics, une démarche d’ouverture constitue un levier de transformation de leur action. Elle permet de libérer l’énergie publique, de placer le.a citoyen.ne au coeur des projets d'intérêt général, de co-construire et d'animer les politiques publiques.
L'Open Data répond à trois enjeux qui sont trois arguments en sa faveur : l'ambition démocratique, la modernisation de l’action publique et le développement de l'innovation.
L'ouverture des données permet au Peuple ("dêmos") de se réapproprier des données créées grâce à lui - l'argent public a permis leur production - pour lui - le fonctionnement et la gestion des services publics sont rendus possibles grâce aux données - et il peut se les réapproprier librement et les gouverner ("kratos").
Les démarches de concertation, de consultation, de co-construction, de participation citoyenne offrent aux collectivités et acteurs publics les moyens d'impliquer leurs habitants dans les projets de territoires. Elles vont de concert avec une démarche d'ouverture des données. En effet, pour que les décideurs recueillent les besoins, attentes et avis des citoyens en amont de la prise décision, il est nécessaire de mettre à disposition du public tous les supports d'information, et en premier lieu les données qui vont alimenter l'échange objectivement. Plus riches seront les contributions, plus éclairée sera la décision et plus objective est la justification des choix finaux.
Dans cet esprit, l'Open Data est un des axes forts développés dans le cadre du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (PGO). C'est une structure internationale - 78 pays dont la France depuis 2014 - ayant pour enjeu d'améliorer les relations entre les citoyens et leur gouvernement en permettant à l’Etat d’être plus accessible, plus réactif mais aussi plus responsable envers les citoyens.
La mise en œuvre d'une démarche d'ouverture de données est l’occasion pour les administrations de mettre en place de nouvelles méthodes et outils au sein de leurs services. L’expérience montre qu’une telle démarche réussit lorsqu’elle constitue un vecteur de décloisonnement et qu’elle est une source de réflexion sur les données produites et collectées.
Pour les acteurs publics, l'Open Data permet de mieux connaître et gérer voire de se réapproprier son propre patrimoine de données, d’en révéler le potentiel au bénéfice de la collectivité comme de son territoire, de sa souveraineté numérique.
Le principe de "désilotage", conséquence de l'Open Data, permet d'instaurer un dialogue entre métiers de la fonction publique, à partir de données dont les agents n’ont peut-être pas connaissance ou même créent faute de savoir qu’elles existent déjà.
Une démarche d'ouverture de données est également l'occasion de mettre en œuvre de nouvelles formes de collaboration en interne comme en externe. L’État et les collectivités ouvrent aux citoyens, aux partenaires du secteur public comme privé, un "champ des possibles" par l'exploitation des données qu'ils rendent accessibles.
Parmi les exemples où l'Open Data nourrit l'efficience du service public, on peut souligner l'apport dans le domaine de la gestion des déchets. L'ouverture des données (emplacements des silos à verre, des bornes à compost, des déchetteries, recycleries mais aussi liste des réseaux associatifs et des entreprises de l’économie circulaire, données de signalement de dépôts sauvages, les consignes de tri, de modes et calendrier de collecte... ) permet :
D'améliorer les conditions de travail des agents des services urbains en rationnalisant les circuits des collectes (calcul du meilleur itinéraire), en identifiant les bacs ou silos à vider via des capteurs qui surveillent les taux de remplissage, en diminuant les efforts induits par la gestion des erreurs de tri...
De favoriser et simplifier le tri pour l'usager-citoyen, avec le dévelopement rendu possible d'applications par les collectivités ("Mieux trier à Nantes", "Bordeaux dans ma poche", "TriLib" à Paris, "Toodego" pour la Métropole de Lyon... ) ou par des acteurs du marché ("GoWaste" qui met en relation une personne souhaitant se débarrasser de déchets - verts, encombrants - et un "débarrasseur", "Mon service déchets" par Suez...)
De diminuer l'impact environnemental en établissant des observatoires de la gestion des déchets ("Observatoire régional des déchets en Île-de-France" ou "Organisation territoriale des compétences collecte et traitement des déchets en Pays de la Loire" par exemple) alimentés en continu par des données, dont peuvent s'emparer également et en appui des politiques publiques, experts, chercheurs, scientifiques et journalistes. Ainsi, les étudiants de l’école de journalisme de Bordeaux ont croisé en 2013 des données des équipements de propreté comme les sanisettes, cendriers... avec celles des plaintes anonymisées de riverains pour apporter une contribution à l'amélioration de la propreté en ville.
La transformation par la donnée inclut généralement un processus d'innovation (voir l'enjeu "Valorisation").
Par l'organisation de rencontres, d'ateliers, d'événements (hackathon, datacamp, challenge), il est davantage possible de révéler collectivement la valeur de la donnée au bénéfice de l'intérêt général.
C'est la multiplicité des profils et des parcours de chaque participant.e qui permet de voir l'action publique sous un nouveau jour, voire d'identifier des données qu'il serait utile d'ouvrir pour alimenter un service émergent. Ces moments de collaboration entre acteurs publics, société civile, monde académique, économique sont des temps d'idéation, de création, de co-production et d'échanges riches en enseignements.
Via ces travaux collectifs, l'Open Data permet de repenser la mise en oeuvre du service public en garantissant la place de l'usager, tout comme elle peut générer de nouveaux services dans le secteur marchand avec à la clef, la création d'emplois locaux, facteur de développement des territoires.
Si la démarche d'innovation est souvent développée grâce à la mobilisation d'interlocuteurs qui gravitent hors de la sphère interne du producteur et "ouvreur" de données, les démarches de valorisation internes aux collectivités, aux services de l'Etat, comme aux entreprises, gènèrent également des créations de valeurs inattendues. Souvent rassemblées sous le vocable d'"intrapreneurs", ce sont des agents ou des salariés qui vont être accompagnés par leur employeur pour mener à bien un projet servant l'intérêt général dans le secteur public ou les objectifs de l'entreprise dans le secteur privé.
Parmi les exemples d'innovation par l'Open Data, Pôle-Emploi a développé une stratégie d'innovation et d'ouverture de données au travers de sa "Grande Fabrique" avec l'objectif de faciliter le retour à l’emploi souhaité et durable. Des projets proposés en interne par des "agents-intrapreneurs" sont sélectionnés chaque année et parmi eux, "La bonne boîte" offre la possibilité aux personnes en situation de chômage d'identifier des entreprises au fort potentiel d'embauche, pour leur profil et leur région. Des millions de données sont analysées pour déterminer ces entreprises susceptibles de recruter.
Dans cet esprit, beta.gouv a été lancé par la Direction Interministérielle du Numérique. C'est un programme d’incubation qui aide les administrations publiques à construire des services numériques utiles, simples, faciles à utiliser, répondant concrètement aux besoins des citoyens.
Il existe également le programme "Entrepreneurs d’Intérêt Général" lancé en 2016 par la Présidence de la République. Il organise l'intégration durant plusieurs mois de profils numériques d’exception dans les administrations pour relever des défis d’amélioration du service public à l’aide du numérique et des données.
Enfin, le Ministère de la Transformation et de la Fonction publiques a lancé en décembre 2021, l’Accélérateur d’initiatives citoyennes qui vise à promouvoir les initiatives d’intérêt général portées par la société civile, à en accélérer le déploiement, à faciliter l’accès aux ressources - entre autres les données - et expertises que l’administration est susceptible de fournir.
Engager une démarche de transformation est une opportunité pour les administrations de monter en compétence sur le domaine de la donnée, partie intégrante du numérique.
L'ouverture des données et leur exploitation pour améliorer les services publics délivrés s'accompagnent d'une reflexion sur les ressources humaines.
Pour aborder efficacement l'Open Data et la valorisation des données, les services des collectivités territoriales et de l'Etat s'appuient sur l'engagement de femmes et d'hommes dont les compétences devront évoluer au même rythme que celui des méthodologies et technologies associées au domaine de la donnée et du numérique.
Aussi, si dans un premier temps, l'ouverture de la donnée peut être réalisée avec des moyens modestes, elle nécessite sur le moyen-long terme d'identifier les besoins en expertises et ressources humaines dédiées ainsi qu'une organisation ad hoc.
En 2021, un rapport de la DINUM et de INSEE propose 12 recommandations pour dynamiser la gestion et la valorisation des compétences data.
L'acculturation à la donnée est un enjeu majeur pour les acteurs du service public, qu'ils soient élus, agents ou encore médiateur avec un rôle fondamental auprès des citoyens dans leur montée en compétences numériques. De nombreuses initiatives ont été lancées en matière de médiation numérique (apport majeur de la MedNum), d'évaluation et de certification des compétences (Pix) ou de data literacy (concept de la DataLiteracyConference par exemple).
OpenDataFrance a souhaité contribuer plus activement encore à cette culture de la donnée en initiant un programme ouvert et partenarial dédié à la Culture de la Donnée - Culture D - et destiné aux élus, agents publics, citoyens, médiateurs du numérique... Il a pour enjeu de développer les compétences sur la donnée en France et l’agentivité des différents publics (esprit critique, capacité d’agir, de décider et de transformer). Il poursuit 3 objectifs :
Inventorier les ressources dédiées à la donnée, qualifier ces différents supports et fédérer un écosystème d’acteurs producteurs de ressources (chercheurs, décideurs, élus, agents, activistes, citoyens)
Construire des parcours d'apprentissage adaptés à chaque profil
Diffuser ces cursus, accompagner leur mise en pratique, initier des événements, pour communiquer sur ces offres d'acculturation à la donnée.