En développant des indicateurs d’état et des pressions subies sur les écosystèmes, et de suivre les réponses apportées par l’action publique pour atténuer l’impact des activités humaines, les données environnementales permettent des diagnostics précis afin de mieux penser l’aménagement et l’usages des territoires. Bien que le champ de l’adaptation des territoires au changement climatique soit très large, nous nous intéresserons dans cette introduction spécifiquement à la lutte contre les îlots de chaleur urbains, à la gestion du patrimoine arboré, et à la gestion de la ressource en eau.
Planifier les usages et responsabiliser les usagers de l’eau par une transparence des ressources disponibles. Bien que les données de prélèvements et l'accès aux données de qualité des eaux soient réglementées, leur centralisation n'est pas encore pleinement organisée au niveau national. A échelle locale, certains projets visent à adresser ce problème. C'est le cas du service "PRELEV'EAU" initié dans les Pays de la Loire en lien avec le BRGM, la DREAL et l'agence de l'Eau Loire-Bretagne, qui a pour vocation de mutualiser et de simplifier l’accès à ces données. De manière exemplaire, le portail ZABAL animé par la Communauté d’Agglomération du Pays Basque, permet à travers différents tableaux de bords, croisant différentes sources de données, de suivre des projets en faveur d’une meilleure la gestion et préservation de la ressource en eau au service de l’agriculture locale. A échelle nationale, l’outil CRATer propose de nombreux indicateurs pour diagnostiquer la résilience alimentaire des territoires.Le numérique “STRATEAU” qui permettra de qualifier la demande en eau selon les usages agricoles, industriels, ménagers et mais aussi pour les milieux naturels. Ces ressources contribuent à davantage de transparence des besoins et limites des territoires pour aider à la planification écologique.
Afin d’optimiser les processus de gestion du patrimoine arboré, voire de l’automatiser, en s’appuyant sur le traitement des données satellitaires et d’occupation du sol, Nantes Métropole et la région Ile-de-France ont pu réaliser un inventaire plus large qu’un simple recensement des arbres en voirie publique, en intégrant l’ensemble des bois et forêts des parcs privés au sein de leur jeu de données.
D’autres villes qui font face aussi aux épisodes prolongés de chaleur, déploient des outils stratégiques de plantation des essences. C’est le cas par exemple de Saint-Omer, qui lors de la saison 2 de l’AMI animé par OpenDataFrance et la Banque des Territoires, a exploré la qualification et la remontée de données terrain pour ses agents afin de mieux qualifier le patrimoine de la commune (hauteur de l’arbre, type d’espèce, date de plantation, d’arrosage, …). La métropole du Grand Lyon développe quant à elle depuis 2021 un calque de plantabilité du territoire.
Toujours dans le cadre de cette expérimentation menée en 2023 auprès de territoires Action Coeur de Ville, nous pouvons également citer l'ambition de Niort. La Ville et l’Agglomération de Niort développent depuis plusieurs années une politique de transition environnementale très ambitieuse. Niort travaille actuellement à la valorisation de ses données environnementales à travers une cartographie interactive.
L’évaluation des avantages écosystémiques au sein d’une agglomération urbaine de la végétalisation a été aussi largement approfondi par le Cerema et l’association Des Hommes et Des Arbres à travers une étude de cas sur la Métropole du Grand Nancy.
De nombreux opérateurs de l’Etat, producteurs de données et d’outillages techniques participent à faciliter l’accès et l’analyse des données environnementales dans les territoires.
ClimatDiag Commune par Météo France offre accès à une synthèse des évolutions climatiques attendues pour chaque commune ou intercommunalité, autour de 5 thématiques : climat, risques naturels, santé, agriculture et tourisme. Ces résultats sont établis à partir d’un ensemble de projections climatiques régionales de référence et facilitent ainsi les diagnostics territoriaux.
Le Cerema a impulsé également la démarche Sésame en collaboration avec la ville de Metz et l'Eurométropole de Metz. Cet outil fournit aux collectivités une première sélection d’espèces adaptées à leur milieu urbain.
De son côté, l’Ademe, à la demande de la Région Haut de France, a développé un outil d’aide à la décision et de mesure d’impact de la végétalisation avec Arboclimat. Aussi, le service “Plus fraîche ma ville” valorise et documente de nombreux projets déployés dans les territoires et outille les collectivités afin d’aider au diagnostic et à la priorisation des actions en faveur de la lutte contre les îlots de chaleur urbain (ICU).
Angers Loire Métropole s’est fixé l’objectif de renforcer la connaissance des arbres remarquables de son territoire. Ces arbres, du fait de leur taille, leur âge, leur essence rare ou encore leur localisation, enrichissent le paysage et sont de véritables repères visuels valorisant le cadre de vie. Pour mieux les connaître, la métropole a mis en place depuis 2019 des inventaires participatifs.
Le ressenti par les habitants des températures peut aussi être un indicateur clé dans l’accès et l’aménagement des espaces verts. Ainsi, la Maison de la Consommation et de l’Environnement à Rennes anime et déploie un outil de cartographie participative qui vise à localiser et qualifier les équipements au sein d'îlots de fraicheurs.
Dans cette même logique, améliorer la connaissance des ressources en eau aide les acteurs publics et privés à prévoir l’évolution des ressources à l’échelle de la commune, de mettre en place des plans de sobriété voire de gérer les crises. Les citoyens sont aussi conviés à signaler à travers un dispositif animé par l’OFB “En quête d’eau” l’état des cours d’eau.
Pour approfondir ces sujets et mobiliser les compétences et expériences d’autres acteurs territoriaux, le Cerema anime “Expertises et Territoires”. Cet espace permet la mise en relation et des éclairages concrets dans la gestion de projets de transition. L’adaptation des territoires s’accélèrent aussi par les actions du réseau “COMÈTE” ou encore via des territoires engagés tel que La Rochelle.
Ce dernier, via un consortium d’acteurs, travaille à la création d'une plateforme de données territoriales (Terreze) pour le suivi de son impact carbone afin de réduire de 30 % l’empreinte carbone du territoire d’ici 2030 et d’aboutir à une compensation carbone complète à l’horizon 2040, pour proposer un modèle vertueux et réplicable sur d’autres territoires.
Le Département de la Gironde s’est engagé le 24 juin 2019 dans une stratégie girondine de résilience territoriale, aussi appelée stratégie girondine d’anticipation et d’adaptation urgente aux changements environnementaux et sociétaux. En savoir plus.