L’analyse de l’utilisation des données publiques dans les territoires depuis près de 10 ans nous permet de mesurer toute la créativité et la traduction opérationnelle de politiques publiques ambitieuses dans les territoires. Autrement dit, les cas d’usage sont vraiment nombreux et de nature très différentes. OpenDataFrance a présenté ici une nouvelle collection d’usages au service de la transition environnementale. Il en existe bien entendu beaucoup d’autres dans ce champ et de multiples productions portées par différents acteurs, de l'État ou d’organismes proches des collectivités, valorisent ici ou là des projets aussi exemplaires dans d’autres domaines.
À ce stade, la question qui se pose est la pérennité et la “factorisation” de tels projets, souvent menés comme des expérimentations ou des services locaux. S’il est naturel d’accepter que certains projets ne dépassent pas le cadre d’un pilote ou ne peuvent pas survivre en raison de changement de stratégie ou de moyen d’intervention, il est important de souligner que la pérennité et la généralisation d’un projet ne dépend pas du hasard. Des conditions préalables de conception, les plateformes de services utilisées et des dispositifs d’accompagnement dédiés peuvent les aider à trouver une pérennité garantie ou une réplicabilité aisée.
L’innovation est fortement soutenue par une multiplicité de dispositifs d’accélération (AAP, guichets et plateformes d’innovation, etc.), portés par de très nombreux acteurs institutionnels. Mais les dispositifs de capitalisation et de généralisation sont beaucoup moins nombreux. On pourra remarquer que l’effet waouh est moins souvent au rendez-vous dans ces cas-là mais à l’heure de la réduction des marges de manœuvre et aux urgences de réponse aux défis écologiques et sociaux, les collectivités auraient beaucoup à gagner en capitalisant sur des projets existants et robustes.
Il existe naturellement de nombreuses initiatives permettant cela : Libriciel par rend possible la réutilisation de logiciels dédiées aux collectivités en open source, de récent Appel à Projet ont inscrit la réutilisation comme critère de choix de candidats (AAP TID de la banque des Territoires), nombreux sont les projets déposés en open source sur des plateformes gratuites par les collectivités elles-même, etc. On connaît déjà quelques critères pour favoriser cette généralisation : documentation complète du projet (fonctionnel et technique), développement avec des outils courants du marché favorisant l’open source, utilisation de données publiées localement ou disponibles à l’échelle supérieure en open data, implémentation sur des plateformes de services en ligne (SaaS) quand c’est possible, dispositif de communication pour faire connaître et aider les réutilisateurs potentiels. Cela pourrait donner lieu à un guide de recommandation plus précis.
Mais notre appel consiste à demander ici aux structures qui soutiennent l’innovation de s'intéresser aux conditions de pérennisation et de généralisation : fixer des critères de réutilisation dans le financement de projets innovants, soutenir l’émergence de plateformes de service nationales et en stimuler la réutilisation et la généralisation des meilleurs cas d’usage par des dispositifs et de budgets ad hoc.