L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 23 % des décès et 25 % des pathologies chroniques dans le monde peuvent être attribués à des facteurs environnementaux et comportementaux. C’est en mai 2022, que le quatrième Plan National Santé Environnement (PNSE 4), «Un environnement, une santé», a été lancé pour répondre à ces enjeux sanitaires et sociaux, avec une ambition : « mieux comprendre les risques auxquels chacun s’expose afin de mieux se protéger et protéger son environnement ».
Encore aujourd’hui, les données environnementales existantes restent peu mobilisées pour faire des corrélations entre expositions environnementales et pathologies humaines. Ce fossé entre l’offre de données disponibles et leurs usages concrets dans les politiques de santé peut s’expliquer par la complexité de mobilisation des données (dispersion, technicité, hétérogénité…)-.
Cependant de nombreuses collectivités s’appliquent à déployer et développer des cas d’usages sur ce champ de la santé-environnement. Nantes Métropole construit actuellement son projet Syn0pse, qui vise à mettre en place une plateforme collaborative de données sur la santé globale, en accord avec ses principes éthiques de la donnée établis dans sa charte. Un des objectifs est d’élaborer et suivre des indicateurs de déterminants de santé sur son territoire.
En modifiant nos habitudes et notre manière de vivre, l’aménagement du territoire joue un rôle crucial dans le bien-être physique, mental et social de la population. Afin de répondre aux enjeux de l’accès au service de soin des outils mis à disposition des ARS tel que “C@rtoSanté” permettent la représentation cartographique et statistique de données spécifiques aux problématiques d'offre et de demande de soins sur les territoires. Pour mieux mieux identifier les environnements sujets aux inégalités sociales de santé et afin d’agir avec précision sur les déterminants de santé ayant un impact défavorable sur la santé, l’Observatoire Régional de la Santé Auvergne-Rhône-Alpes a développé “Balises” (BAse Locale d’Informations Statistiques En Santé). Ce service permet l’accès à un grand nombre d’indicateurs socio-sanitaires, déclinés aux différents échelons géographiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
A l’échelle nationale, “SIRSé” permet de construire des portraits de territoire à partir d’une base de données socio-sanitaires et environnementales territorialisée. Ce service a été développé par l'Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d'Azur dans le cadre du projet mutualisé des ARS : Atlasanté.
Par ailleurs, Géodes produit par Santé Publique France facilite l’élaboration d’indicateurs de santé, notamment de cartographies d’indicateurs épidémiologiques à partir d’un ensemble de bases de données ouvertes. Que ce soit à travers des données de l’INSEE, ou dans le cadre de conventions auprès d’acteurs tels que la CAF et la CPAM, ainsi que de données internes (mobilité, aménagement, enfance…), les collectivités disposent de ressources pour développer des indicateurs spécifiques à leur territoire.
D’autres données environnementales visent à évaluer et suivre l’évolution de risques physico-chimiques vial’exposition aux pesticides et autres perturbateurs endocriniens, ou la prolifération de pollens allergisants. Ces risques sont suivis et notifiés notamment par les ARS et ORS.
Le Plan national santé-environnement 4 (PNSE 4) propose des actions concrètes pour mieux comprendre et réduire les risques liés aux substances chimiques, aux agents physiques (comme le bruit ou les ondes) et la réduction aux expositions environnementales. En agissant sur la sensibilisation des usagers et des citoyens, mais aussi en facilitant la rénovation des bâtiments, l’utilisation de produits ou mobiliers plus naturels, il est possible de limiter les sources d’expositions. En ce sens, de nombreuses actions sont animées au sein des territoires et sont valorisées à travers cette cartographie du CEREMA “Territoire engagé pour mon environnement, ma santé”.
La qualité de l’air est un enjeu sanitaire important avec un nombre de 40 000 décès anticipés, qui pourraient être réduits chaque année en France si les préconisations de l’OMS, notamment en matière de particules fines, étaient respectées. Par leurs compétences et leur échelle d’action, les collectivités territoriales sont centrales dans le dispositif d’amélioration de la qualité de l’air. Dix-huit Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) surveillent la qualité de l’air en temps réel. L’ouverture de ces données essentielles s’accélèrent et offrent des indicateurs précieux pour les collectivités (data.gouv). Elles sont de plus en plus nombreuses à rejoindre aussi “l’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air”. Les réseaux de capteurs déployés, croisés à des modèles météorologiques par exemple, permettent ainsi de mieux suivre et prévenir en cas de pics d’émissions de particules fines les populations à risques.
Au sein des collectivités, de plus en plus de services santé sont impliqués dans des opérations de mesures de la qualité de l’air intérieur des établissements scolaires ou d’accueil de publics fragiles. C’est le cas d’expérimentations menées à Rennes, à Chambéry, à Limoges, ou encore par le Syndicat Mixte Ouvert Mayenne Très Haut débits. L’ANSES a publié, en mai 2022, un rapport relatif à l’utilisation de micro-capteurs pour étudier l’intérêt de leur utilisation pour la protection de la santé des populations.
Le Green Data for Health (GD4H) est une offre de service incubée au sein de l’ECOLAB (MTECT-MTE/CGDD) qui a pour objectif de « permettre une meilleure mobilisation et valorisation, par les acteurs de la recherche et des experts, des données environnementales au service de la santé environnement ». Le GD4H propose un catalogue de données environnementales pour faciliter leur repérabilité et leur accès au niveau des territoires. Il propose également différents outils juridiques afin d’aider les agents à mieux qualifier les conditions d’ouverture et d’accès aux données de santé. En 2023, accompagné par Datactivist, le GD4H a animé un Challenge Data qui a permis le développement de 15 outils visant à faciliter l’accès et la valorisation de données, mais aussi de voir émerger une réelle communauté d’acteurs de la donnée en santé-environnement. Ces projets impliquent de nombreux territoires d’expérimentation.